‘Fair trade’ or: Peer arbitration in markets

Just Prices and Equitable Markets

A reprint from P2P News 101:

The context: Remember that peer to peer theory uses the relational model of intersubjective relations of Alan Page Fiske, which says that there are four basic modes of inter-relating: 1) non-reciprocal communal shareholding, what I call peer to peer; 2) authority ranking; 3) equality matching (reciprocity, the gift economy); 4) market pricing. All epochs have had a combination of those, but usually with one dominating and influencing the others. Thus, peer to peer theory believes that, if contemporary capitalism is unsustainable, that it is unlikely to be replaced by a marketless and stateless society, but rather, it will be a commons-based society, within a reformed market and state environment. The four models of relations will co-exist but under the influence of the new dominant model of peer to peer.

I am therefore looking at approaches which concurrently replace the four modes separately (but in a differentiated and integrated manner), but informed by the peer to peer ethos. Natural capitalism is such an approach, developed in the U.S. and which I have presented before.

This is another one, which I have yet to study. Maurice Decaillot has published a series of books on reforming the market into one based on equitable exchange, the latest one which is reviewed by L’Humanite. In the quote we have chosen, Maurice Decaillot shows the point I’m making with exactitude: he envisages a market, informed by `peer to peer intervention’, i.e. the market pricing mode under the dominant influence of the Commons. As a consequence, I consider this discovery as a key advance in my explorations of peer to peer theory.

3 Comments ‘Fair trade’ or: Peer arbitration in markets

  1. AvatarMichel

    A letter from Maurice Decaillot, reacting to our summary of P2P Theory in Revue du Mauss, 26:


    Voici rapidement exposées, les premières réflexions que me suggère votre ample travail.

    Il es clair, tout d’abord, qu’il s’inspire d’une analyse générale qui ne manque pas de déceler la profondeur des distorsions où nous conduit actuellement l’économie marchande généralisée ; il vise à éviter l’écueil d’une alternative simpliste entre économie de marché et économie dirigiste d’Etat ; il souligne le besoin de nouvelles validations communautaires, disons sociales, des activités, etc. , ce qui en fait tout l’intérêt à mes yeux.

    En même temps, il aborde une série de questions, tant de fond que concernant les outils d’analyse, qui méritent débat.

    D’abord, les questions d’outils d’analyse.

    Je ne connais pas les analyses de Alan Page Fiske autrement que par vos mentions. Je constate, d’après elles, qu’elles continuent visiblement les travaux d’auteurs tels que Marcel Mauss ou Karl Polanyi, qui ont cru pouvoir ranger les pratiques de socialité sous trois ou quatre rubriques telles que le « public », la « réciprocité », l’ « autorité » distributive, et le « marché ».

    Mon opinion est que ces catégories sont insuffisantes et distordues, reflétant mal, notamment, les enseignements que l’on peut tirer des données anthropologiques (Consultez, par exemple, les travaux de Maurice Godelier).

    En particulier, les notions de « marché » et de « réciprocité » sont l’objet d’une description manifestement biaisée.

    Concernant le marché, disons rapidement :

    – que, pour ce qui est du le marché tel qu’il existe réellement, sa description et son fonctionnement sont très largement mal compris et analysés.

    Рque, concernant la description th̩orique du march̩ par la doctrine officielle et ses variantes, elle repose sur des hypoth̬ses non seulement logiquement intenables, mais aussi sans rapport avec les dynamiques r̩elles.

    En particulier, je pense que, sur le marché réel, en aucun cas les valeurs échangées ne sont présumées égales. L’histoire longue mondiale montre que les gains marchands résultent, depuis des millénaires, de transgressions des équilibres locaux, occasionnant des gains d’aubaine, ou plus exactement de rentes marchandes. Sur ce point, les théoriciens qui, comme Carl Menger, et jusqu’à Marcel Mauss et Serge Latouche lui-même, postulent que toute transaction implique la réalité, ou au moins l’illusion, d’un gain à l’échange (parfois présumé réel pour les deux partenaires, et en fait réel pour un seul d’entre eux seulement), décrivent en fait la réalité du marché, qui est fonctionnellement dissymétrique. Et là -dessus, je pense que Fernand Braudel, en appelant « marchés » les proto-marchés locaux encore enserrés dans les équilibres traditionnels, et « contre-marchés » les trafics marchands à longue distance, extracteurs des aubaines de la distorsion mondiale, s’est trompé de sens.

    En revanche, je pense que les mêmes théoriciens ne décrivent pas ce qu’il prétendent décrire, c’est à dire l’échange en général. Celui-ci me semble mieux décrit par Aristote, écrivant, il y a vingt-quatre siècles, que lors de l’échange vrai, les deux partenaires ont « autant après qu’avant », ce qui me semble décrire la réciprocité véritable ; et ceci à la différence de la « réciprocité » des dons et contre-dons, décrits comme réciproques par certains ethnologues, et qui sont en réalité bien plutôt un palliatif très approximatif, et souvent distordu, aux carences d’une réciprocité difficilement accessible dans de nombreuses sociétés anciennes. Dans le même temps, ces dons et contre-dons répondent à des besoins réels, mais autres que la réciprocité, qui sont ceux d’une redistribution, et parfois d’une dissipation régulatrice de ressources, de valeur symbolique autant que fonctionnelle de maintien des (dés-)équilibres sociaux. Ceci, sans préjudice d’une grande diversité de situations, comme on peut le voir par exemple dans la multiplicité des formes et contenus de la gratuité.

    C’est pourquoi aussi, par exemple, la distinction entre un « partage » qui serait porteur de réciprocité (alors qu’il s’avère souvent porteur de conflits de répartition), et une « participation » qui n’impliquerait pas réciprocité (cela pose tout le problème de la reconnaissance sociale, mutuelle parce que sociale) me paraît difficile à justifier.

    C’est pourquoi, aussi, il me parait difficile de parler de « réforme » du marché, l’introduction d’un échange visant l’équité (la réciprocité vraie) s’attaquant au fondement même de la pratique marchande de l’échange dissymétrique, et constituant donc, plus qu’un simple encadrement, une transformation fondamentale.

    Concernant, maintenant, quelques points de fond.

    Un point important me paraît être le problème que vous soulevez, de savoir si le domaine des biens quantifiables (appelés à mon sens de façon incohérente « biens rivaux ») pourrait relever d’une économie du don.

    C’est, je crois, un manquement important des conceptions passées que d’estimer que, l’abondance venant, la nécessité d’une reconnaissance sociale des personnes dans leur activité disparaîtrait. Ce n’est pas parce que les ressources, matérielles ou non, seraient réellement « rares » qu’il importe de les évaluer, mais parce qu’elles s’inscrivent dans un édifice de tâches humaines échangées qu’il s’agit de rendre ensemble viables et créatrices d’un rôle reconnu pour chacun. Ce qui est évalué n’est pas la quantité des choses, mais l’équilibre des personnes. Ainsi, l’essor des activités non quantitatives implique des transformations dans les modes d’évaluation, mais non,à mon sens, la disparition de l’évaluation elle-même.

    Or une économie du don, loin d’être le terrain d’une recherche d’équilibre, témoigne, bien différemment, de ce que les sociétés humaines ont, au cours du temps, atteint des aptitudes vitales leur permettant d’utiliser , comme des « largesses », des biens hors l’équilibre immédiat des tâches vitales, pour consolider l’assurance mutuellement donnée et gagée du respect des équilibres sociaux.

    C’est pourquoi j’estime que, en particulier concernant les tâches quantitatives, une économie du don se révélerait hors de propos, et risquerait même de donner naissance à des inégalités cristallisées opposant des catégories sociales principalement apporteuses, et des catégories principalement bénéficiaires, cette distorsion pouvant être à la fois maintenue et cependant occultée. Un échange transformé me paraît ainsi, plutôt qu’une économie du don ou une mise en commun anonyme, et hors le trafic marchand ou l’étatisme, un avenir vivable pour les activités économiques d’ordre quantitatif, dont le poids dans la vie sociale, y compris avec l’importance croissante des activités informatives, restera sans doute encore longtemps significatif.

    Une autre grande question que vous abordez est celle de la cohérence d’une activité économique du type que vous appelez « public ». Cela concernerait principalement les biens non épuisables. Leur abondance aurait pour conséquence une perte de pertinence de l’équivalence, tout apporteur apportant « préférablement peu », et recevant néanmoins « beaucoup » sans que cela diminue l’abondance du bien ; d’ou la disparition du rôle destructeur du « passager clandestin », la possibilité d’un accès universellement ouvert, d’une régulation spontanée du fait même de l’acte de participation.

    Mes remarques à ce propos sont les suivantes.

    Je pense que l’abondance de la ressource, par elle-même, ne sécrète pas de régulation : l’apport universel d’informations, tout en concernant tout le monde, ne suffit pas en lui-même à garantir l’accès de tous à l’information et plus encore à une fonction sociale reconnue et viable. Peut-on dire que chacun apporte peu et cependant reçoit beaucoup du fait de l’apport de tous ? L’apport de tous à tous est, là encore, une forme de réciprocité dès lors qu’elle est socialement validée. Le maintien du lien social demande donc une démarche supplémentaire, la création d’institutions qui en serait garantes. Si la ressource est abondante, la réciprocité ne consiste plus à assurer qu’il est reçu autant qu’apporté : que l’un apporte et l’autre reçoive ne crée plus, il est vrai, de dissymétrie…à condition que le rôle de celui qui apporte soit reconnu et rendu viable comme tel par convention de tous : c’est cela que je dénommerai spécifiquement un système public, au-delà de la ressource spontanément disponible hors régulation (telle le langage…), que l’appellerai pour ma part une ressource « universelle ».

    Il en résulte de réelles difficultés, car le problème de la valorisation, comme validation des rôles sociaux d’apporteurs de biens, fussent-ils inépuisables, incertains, multi-temporels, se pose encore, alors que les repères nécessaires sont encore moins apparents que dans le monde du quantitatif. C’est pourquoi la définition d’ une validation, et, dans la monde économique, d’une valorisation socialement équilibrée des activités productrices de biens inépuisables mérite, par sa complexité, la poursuite de nombreuses recherches.

    Comment, alors, faire qu’émergent les institutions qui permettaient de faire vivre les ensembles sociaux disposant de ces nouvelles ressources, et ceci sans donner naissance à des structures qui amputeraient les prérogatives de leurs mandants, comme cela est le cas dans la démocratie représentative et bien d’autres édifices institutionnels ? Une condition est, à mon sens, que les populations concernées disposent des savoirs sur la société leur permettant de définir explicitement les modes de vie sociale visés, sur les voies et moyens fonctionnels nécessaires à leur réalisation effective, ce qui à son tour suppose de nouvelles avancées dans l’image que la société actuelle a d’elle-même et de ses avenirs possibles, loin des images mécaniques de la doctrine marchande.

    Vous me demandez ce que je pense du travail de Serge Latouche (que je connais).

    Je respecte sincèrement son engagement et sa persévérance, et j’estime qu’il dénonce à bon droit les ravages causés aux ressources mondiales par les pratiques actuelles ; En même temps, j’estime que, tout en soulignant le tort fait à de larges populations du monde, et en assurant ne pas être un adversaire du perfectionnement technique, il attribue volontiers à « notre » (celle de tout le monde ?) « civilisation » (est-ce la civilisation qui pollue ?) « technoscientifique » (mais qui donc intoxique les travailleurs du bâtiment : les découvreurs de l’amiante, ou les entrepreneurs qui ont persisté à en truffer les édifices ?), ou encore à la soif inépuisable de « consommation » (de qui ?), les tares que nous connaissons, tout en refusant de discerner le rôle de la pratique marchande capitaliste généralisée, et en incriminant l’ « économie » en général. Il conviendrait, selon lui, de « sortir de l’économie » (sans plus de précision), et pour cela de «décoloniser les esprits », alors que l’une des grandes leçons du passé est que, face à des ambitions idéologiques, juridiques ou institutionnelles fragiles, les ressorts de la bien réelle contrainte économique triomphent immanquablement. Au surplus, la préconisation d’une incertaine « décroissance » que l’on promet « conviviale » et « frugale » pose de nombreux problème de définition de la croissance (réelle et théorique) et de son rapport avec la nature et la société, de son rôle réel dans le fonctionnement de la société actuelle (dont elle est plus l’alibi que le moteur), des effets économiques, sociaux, politiques d’une « décroissance » qui est plus un étendard qu’un projet.

    Tels sont les points que j’ai cru intéressant de relever près cette première lecture. Vous abordez également d’autres points, mais nous aurons sans doute l’occasion de dialoguer à nouveau.

    Maurice Décaillot
    Décembre 2005

  2. Pingback: P2P Foundation » Blog Archive » A P2P theory of social change

  3. AvatarMichel Bauwens

    we moved the damaged quote from the main text to here:

    1. Towards peer to peer arbitrage in markets

    « L’avenir me paraît être du côté de l’émergence de formes qui donnent à l’échange d’activités, aux transactions économiques, une forme plus élaborée, plus articulée, que la forme ” transaction marchande “. Celle-ci apparaît, en fait, fruste, en ce sens qu’elle n’est pas un signal totalement explicite des demandes et des offres sociales concernées. En ce sens aussi qu’elle implique, entre les prix et les quantités, un lien circulaire qui fait dériver le marché vers la position dominante des uns et captive des autres. Pourquoi ne pas imaginer – loin de toute démarche autoritaire ou administrative – une fixation des prix par un arbitrage public, mettant tous les partenaires impliqués en présence ? Autrement dit, un processus socialement accepté de fixation de normes d’échange, qui serait préalable à l’acte de production lui-même, de telle sorte qu’on ne produirait pas dans le vide ou dans l’incertain : j’ai en vue, par exemple, les relations entre les agriculteurs et les grandes surfaces. Au fond, il existe aujourd’hui une idéologie de la ” mondialisation ” qui proclame que tout ce qui n’est pas conforme à la norme marchande est archaïque, ringard, inefficace… Or, initiatives et spécificités – de tel ou tel peuple, de tel ou tel groupe social – sont indispensables, précisément, si l’on veut promouvoir des dynamiques nouvelles pour parvenir à de nouvelles façons de coopérer à l’échelle mondiale, et impulser les activités économiques socialement innovantes dont notre société a besoin… »

    2.    Book Review

    « Abordant une nouvelle fois l’épique question de la ” valeur travail “, Maurice Decaillot veut ” écarter à la fois l’illusion marchande voulant voir dans les prix de marché distordus et leurs criantes inégalités les contreparties de travaux réels, et le postulat d’une indifférenciation générale des travaux qui nourrit un égalitarisme formaliste ou distributif toujours en échec “.Son ” juste prix “, sous-titré : ” Étude sur la valeur travail et les échanges équitables ” voudrait contribuer à ” changer l’échange “. Car l’auteur en est convaincu : ” Bien des circonstances laissent à penser que, à terme aujourd’hui envisageable, des ensembles de population devront, face à des situations de plus en plus difficiles, envisager concrètement un avenir économique échappant aux tenailles du trafic marchand et de l’exploitation du travail. “Or promouvoir l'” échange équitable ” – tel que s’y évertuent déjà certains producteurs notamment au Sud – nécessite, entre autres mais de façon déterminante, de se soustraire au diktat à la fois idéologique et comptable, du marché dans la fixation des prix, des prix eux-mêmes ” équitables “. Le ” juste prix “, voilà donc, l’objet de l’étude de Maurice Decaillot. Et s’il s’adresse, comme il le souligne lui-même, aux promoteurs contemporains et à venir de l'” échange équitable “, c’est tout autre chose qu’un recueil de recettes à la façon dont il élargit son propos. Faisant référence à ” l’étatisme effondré des pays de l’Est “, l’auteur repousse tout autant les ” dogmes ” libéraux que la tendance à un retour à l’illusion d’une économie sans échange (la gratuité ?), fondée sur ” l’indivision des richesses de la société ” et qui risque, en confondant marché et ” échange social “, ” de rencontrer les mêmes échecs que par le passé, et notamment la confiscation oligarchique des pouvoirs “.

    Ainsi donc, avant de s’attacher aux ” procédures d’évaluation ” qui président à l’élaboration de prix échanges équitables, Maurice Decaillot fait-il un rigoureux et ardu détour par la théorie de la valeur travail, c’est-à -dire par la ” mesure ” – si l’on peut dire – de la division sociale du travail, qu’il fait remonter à Platon et à Aristote avant de réinvestir, de façon critique, Marx, distinguant par exemple chez lui ” une ambiguïté notable concernant l’avenir du travail ” (…). Celui-ci, s’interroge Decaillot, est-il appelé à être ” aboli ” ou plutôt ” émancipé “ ? Devra-t-on se résigner à y voir un inévitable ” royaume de la nécessité “, le ” royaume de la liberté ” ne commençant que hors de son champ, par ” l’extension du temps libre ? “. Or, pour l’auteur, la forme moderne du travail – et du non travail -, qu’on ne saurait confondre avec ” les formes marchandes salariales “, ne rend pas caduque la théorie de la valeur travail. Bien au contraire, celle-ci sert (est au service de) l’échange équitable en ce qu’elle rend compte de la division sociale du travail grâce à quoi l’équité se trouvent être au centre du commerce des hommes et non plus un supplément d’âme. Bref, on passerait d’une éthique de l’économie à une économie éthique ; cela s’appelle aussi la démocratie. »

    3. More information

    Books : Maurice Decaillot, 1) Valeur travail. Le juste prix, de Maurice Decaillot. Éd. L’Harmattan, 158 pages, 13,75 euros.2) Au-delà du marché, l’économie humaine (La Dispute) ; 3) Demain l’économie équitable (L’Harmattan) 4) les contributions de l’auteur à l’ouvrage collectif dirigé par J.-C. Delaunay le Capitalisme contemporain, des théorisations nouvelles ? (L’Harmattan).

    See also : « Le raisonnable et l’équitable. Rapports marchands et justes prix », Serge Latouche, Ed. L’Harmattan, Paris, 2000.

    More information on and by Maurice Decaillot :

    -         Y’a-t’il une vie après le marche?,

    -Â Â Â Â Â Â Â Â Â Interview with Politis magazin

Leave A Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.